NUIT BLANCHE
Laurent Martineaud
Le sommeil : comment s'en accommodent ceux qui ne le trouvent pas ? Est-ce une souffrance, une aubaine, un état avec lequel on compose ? Quand toute la ville est endormie...
Je suis parti à la recherche d'insomniaques, et à ma grande surprise les témoignages sont arrivés en masse.
Manifestement, l'insomnie fait rage dans le silence de la nuit...
Trois questions simples auxquelles quelques insomniaques ont trouvé le temps de répondre durant leurs errances nocturnes...
Pouvez-vous m'indiquer combien d'heures, une fois réveillé la nuit, vous restez éveillé ?
Pouvez-vous m'indiquez quelles sont vos activités nocturnes pendant vos insomnies ?
Que représente pour vous le sommeil ?
Combien durent vos phases d'éveil chaque nuit ?
Dans les témoignages reçus, la durée s'échelonne de 1 heure à 6 heures d’insomnie avec une moyenne de phases d'éveil se situant entre 1 h 30 à 2 heures.
Florian : « Mes plus longues périodes d’insomnies durent quatre nuits consécutives après quoi l’épuisement fini par l’emporter, poussé par de légères hallucinations auditives et visuelles. »
Méline : « Je me réveille deux à trois fois par nuit avec des moments d'éveil d'environ 1 h 30. »
Vincent : « C'est variable. Cette nuit, je me suis levé à 3 heures. Certaines nuits, je dors bien. La majorité du temps (trois fois par semaine), j'ai une parenthèse de sommeil entre 2 h 30 et 5 h 30. Je me couche aux alentours de 23 heures / 23 h 30 et me lève vers 7 heures. De fait, j'arrive à dormir quatre à cinq heures par nui,t ce qui semble correspondre à mon rythme biologique. »
Dans la majorité des témoignages, on note une régularité des insomnies, même si certains indiquent que tout est relatif à leur état de fatigue ou à leur environnement. Des témoignages nous apprennent que plusieurs séquences d'insomnies peuvent survenir dans une même nuit, et d'autres font référence à leur rythme biologique pour les expliquer.
Quelles activités nocturnes pendant les insomnies ?
Certains insomniaques ne quittent pas leur lit, tandis que d'autres se lèvent et s'activent. Mais à quoi s'occupent-ils ?
Les nombreuses réponses permettent d'entrevoir deux profils : les insomniaques « passifs », en attente de leur prochaine phase de sommeil. Ils vont plutôt manger, boire, regarder la télévision, naviguer sur les réseaux sociaux, écouter de la musique.
Et ceux plus « actifs » intellectuellement ou physiquement qui profitent de ces instants d'éveils nocturnes pour lire, réfléchir, écrire, créer, faire du rangement, du repassage. Certains font même de la musculation ou vont courir !
S'occuper pour attendre ce sommeil qui ne (re)vient pas... : « Si je peux ne pas me lever je prends mon livre et en principe je me rendors assez vite », ou bien « je me mets sur mon canapé et allume la télé très bas en espérant que ça me rendorme, mais je reste juste en état de somnolence ».
C'est parfois pesant et énervant... : «J’essaie de ne rien faire, je reste allongé à attendre que le temps passe, des moments propices à la réflexion et l’agacement, le temps passant. Cependant, il m’est parfois impossible, du fait de cet agacement, de rester inactif indéfiniment. »
Alors, on s'occupe... : comme Christian : « Je choisis alors de lire (articles et livres principalement), écouter de la musique, où si je sens que le sommeil n’a aucune chance d’apparaître, je m’engage dans des activités plus longues comme l’écriture et le jeu. » Ou Marie : qui en profite pour « réfléchir, faire des listes de choses à faire, lire, écouter de la musique, ranger, faire de la musculation, traîner sur mon téléphone », ou Valérie : « Je regarde la télé et parfois je me lève et fais des activités du quotidien comme du repassage. »
Et certains s'activent ardemment, voir même passionnément... : Ainsi, Caroline explique faire de la musculation. Et Julien nous confie : « J'ai un travail à plein temps et en parallèle une activité artistique que d'aucuns qualifieraient de fournie. La nuit, la plupart du temps, je crée des graphismes, j'encadre mes créations, je fabrique des carnets (une trentaine cette nuit) ; sinon je lis (environ 60 à 80 bouquins par an) et une fois par semaine je vais courir environ 1 heure et quart vers 5 heures du matin. Je m'occupe, en somme. »
Et le sommeil, il représente quoi pour vous ?
Une perte de temps et/ou une source d'angoisse comme nous l'explique Méline : « Une attente, une tare, une perte de temps qui pourrait être consacrée au développement d’activités ou la réalisation de tâches personnelles, un défaut de conception de l’espèce, un moment d’épiphanie et de soulagement quand soudainement il finit par se manifester, un paradoxe entre angoisse et repos, une instance d’introspection. »
Marie précise : « Je n’éprouve, pendant ces périodes d'insomnies, aucun plaisir à aller me coucher, par appréhension de me réveiller. Je m'endors souvent très vite après quelques pages de lecture et trois ou quatre heures après, je me réveille. Mon sommeil n'étant pas réparateur, il est source d'angoisse. »
Des instants d'accalmie et de sérénité : « L'apaisement et la tranquillité, le lâcher prise », «un plaisir, bien qu’il soit difficile d’être en sommeil profond », « pour moi, le sommeil représente le repos, la tranquillité, le moment où on ne pense pas même s’il peut être peuplé de rêves ou de cauchemars ».
Le « non sommeil » devient alors, comme l'exprime Julien, « une parenthèse enchantée, un moment privilégié »... « En plus de mon emploi, j'ai deux jeunes enfants, "activités" relativement chronophages... Ces espaces d'activités et de créations nocturnes participent grandement de mon équilibre. Je vis cela de façon très positive, en fait. »
Il était intéressant d'aborder l'insomnie non pas d'un point de vue clinique mais plutôt du côté du témoignage singulier. Au-delà de la gêne, voire de la souffrance occasionnée par celle-ci, les insomniaques restent actifs, quelquefois créatifs et certains apprécient même leur nuit blanche !
Un grand merci aux contributeurs. Les prénoms des témoignages ont été modifiés.
Avec l'autorisation d'un témoin insomniaque, vous pouvez consulter son site et aller voir ses créations nocturnes : http://julienjaffre.wixsite.com/carolina-et-ruliano
Je suis parti à la recherche d'insomniaques, et à ma grande surprise les témoignages sont arrivés en masse.
Manifestement, l'insomnie fait rage dans le silence de la nuit...
Trois questions simples auxquelles quelques insomniaques ont trouvé le temps de répondre durant leurs errances nocturnes...
Pouvez-vous m'indiquer combien d'heures, une fois réveillé la nuit, vous restez éveillé ?
Pouvez-vous m'indiquez quelles sont vos activités nocturnes pendant vos insomnies ?
Que représente pour vous le sommeil ?
Combien durent vos phases d'éveil chaque nuit ?
Dans les témoignages reçus, la durée s'échelonne de 1 heure à 6 heures d’insomnie avec une moyenne de phases d'éveil se situant entre 1 h 30 à 2 heures.
Florian : « Mes plus longues périodes d’insomnies durent quatre nuits consécutives après quoi l’épuisement fini par l’emporter, poussé par de légères hallucinations auditives et visuelles. »
Méline : « Je me réveille deux à trois fois par nuit avec des moments d'éveil d'environ 1 h 30. »
Vincent : « C'est variable. Cette nuit, je me suis levé à 3 heures. Certaines nuits, je dors bien. La majorité du temps (trois fois par semaine), j'ai une parenthèse de sommeil entre 2 h 30 et 5 h 30. Je me couche aux alentours de 23 heures / 23 h 30 et me lève vers 7 heures. De fait, j'arrive à dormir quatre à cinq heures par nui,t ce qui semble correspondre à mon rythme biologique. »
Dans la majorité des témoignages, on note une régularité des insomnies, même si certains indiquent que tout est relatif à leur état de fatigue ou à leur environnement. Des témoignages nous apprennent que plusieurs séquences d'insomnies peuvent survenir dans une même nuit, et d'autres font référence à leur rythme biologique pour les expliquer.
Quelles activités nocturnes pendant les insomnies ?
Certains insomniaques ne quittent pas leur lit, tandis que d'autres se lèvent et s'activent. Mais à quoi s'occupent-ils ?
Les nombreuses réponses permettent d'entrevoir deux profils : les insomniaques « passifs », en attente de leur prochaine phase de sommeil. Ils vont plutôt manger, boire, regarder la télévision, naviguer sur les réseaux sociaux, écouter de la musique.
Et ceux plus « actifs » intellectuellement ou physiquement qui profitent de ces instants d'éveils nocturnes pour lire, réfléchir, écrire, créer, faire du rangement, du repassage. Certains font même de la musculation ou vont courir !
S'occuper pour attendre ce sommeil qui ne (re)vient pas... : « Si je peux ne pas me lever je prends mon livre et en principe je me rendors assez vite », ou bien « je me mets sur mon canapé et allume la télé très bas en espérant que ça me rendorme, mais je reste juste en état de somnolence ».
C'est parfois pesant et énervant... : «J’essaie de ne rien faire, je reste allongé à attendre que le temps passe, des moments propices à la réflexion et l’agacement, le temps passant. Cependant, il m’est parfois impossible, du fait de cet agacement, de rester inactif indéfiniment. »
Alors, on s'occupe... : comme Christian : « Je choisis alors de lire (articles et livres principalement), écouter de la musique, où si je sens que le sommeil n’a aucune chance d’apparaître, je m’engage dans des activités plus longues comme l’écriture et le jeu. » Ou Marie : qui en profite pour « réfléchir, faire des listes de choses à faire, lire, écouter de la musique, ranger, faire de la musculation, traîner sur mon téléphone », ou Valérie : « Je regarde la télé et parfois je me lève et fais des activités du quotidien comme du repassage. »
Et certains s'activent ardemment, voir même passionnément... : Ainsi, Caroline explique faire de la musculation. Et Julien nous confie : « J'ai un travail à plein temps et en parallèle une activité artistique que d'aucuns qualifieraient de fournie. La nuit, la plupart du temps, je crée des graphismes, j'encadre mes créations, je fabrique des carnets (une trentaine cette nuit) ; sinon je lis (environ 60 à 80 bouquins par an) et une fois par semaine je vais courir environ 1 heure et quart vers 5 heures du matin. Je m'occupe, en somme. »
Et le sommeil, il représente quoi pour vous ?
Une perte de temps et/ou une source d'angoisse comme nous l'explique Méline : « Une attente, une tare, une perte de temps qui pourrait être consacrée au développement d’activités ou la réalisation de tâches personnelles, un défaut de conception de l’espèce, un moment d’épiphanie et de soulagement quand soudainement il finit par se manifester, un paradoxe entre angoisse et repos, une instance d’introspection. »
Marie précise : « Je n’éprouve, pendant ces périodes d'insomnies, aucun plaisir à aller me coucher, par appréhension de me réveiller. Je m'endors souvent très vite après quelques pages de lecture et trois ou quatre heures après, je me réveille. Mon sommeil n'étant pas réparateur, il est source d'angoisse. »
Des instants d'accalmie et de sérénité : « L'apaisement et la tranquillité, le lâcher prise », «un plaisir, bien qu’il soit difficile d’être en sommeil profond », « pour moi, le sommeil représente le repos, la tranquillité, le moment où on ne pense pas même s’il peut être peuplé de rêves ou de cauchemars ».
Le « non sommeil » devient alors, comme l'exprime Julien, « une parenthèse enchantée, un moment privilégié »... « En plus de mon emploi, j'ai deux jeunes enfants, "activités" relativement chronophages... Ces espaces d'activités et de créations nocturnes participent grandement de mon équilibre. Je vis cela de façon très positive, en fait. »
Il était intéressant d'aborder l'insomnie non pas d'un point de vue clinique mais plutôt du côté du témoignage singulier. Au-delà de la gêne, voire de la souffrance occasionnée par celle-ci, les insomniaques restent actifs, quelquefois créatifs et certains apprécient même leur nuit blanche !
Un grand merci aux contributeurs. Les prénoms des témoignages ont été modifiés.
Avec l'autorisation d'un témoin insomniaque, vous pouvez consulter son site et aller voir ses créations nocturnes : http://julienjaffre.wixsite.com/carolina-et-ruliano