CE QUI ME POUSSE DANS LA MAIN
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Image Alexas Fotos (Pixabay)
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Ce qui me pousse dans la main et que vous nommez paresse
Est un sixième doigt séditieux.
Un majeur qui se dresse au nez de vos idoles :
Wall Street, amphét’, faux prophètes, faux Warhol…
Je n’irai plus nulle part où vous me direz d’aller,
Ne ferai plus rien de ce que vous m’imposerez.
À la fièvre du monde, à son fracas sans fin,
Je préfère aujourd’hui une sieste le matin,
Le bonheur de l’ennui, le roulis des hamacs.
Et sauter dans les flaques
Si le cœur m’en dit.
Ce qui me pousse vers le large et cingler sous la lune,
À déserter les barges, les berges, les barjos,
Hier encore, m’indifférait.
La rumeur des agoras, les grands nombres, les nombrils ?
Ni chaud ni froid.
Rien à faire des avoirs, des maîtres du paraître, des affaires des je-veux-être.
Rien qui me touchait : ni l’hiver, ni avoir été.
J’étais l’Homme-Bourgeon insouciant du gel,
Aux temps d’antan vierges des missels, de l’OTAN, des tableurs Excel.
Dans ma sève coulait la promesse de mille et deux printemps.
Une seule de mes larmes contenait l’océan ;
Une mèche sur mon front, toutes les frondaisons.
Je savais des arpèges et je savais des sons
Que seuls les oiseaux connaissent,
Étrangers qu’ils sont
Aux gammes et au solfège.
Je savais les courbes dont rêvent les asymptotes.
Tout, je savais tout !
Ce que sait le corail et ce que tait la banquise…
La futilité des portails, de la mitraille, des églises…
La théorie du chaos, le chaos de la théorie.
Sans secret, l’algèbre du cosmos et la patience de l’eau !
Sans secret, le sanskrit des femmes, le vague à l’âme du vent,
Bételgeuse et ses manigances, l’inexistence du temps, le temps d’une danse, l’espace d’un tango.
Et j’ai tout désappris.
Courir après l’os, rapporter l’os.
J’ai couru après l’os, j’ai rapporté l’os.
J’ai levé la patte.
Pavlov and pisse.
J’ai couru, j’ai obéi. Après quoi et pour qui ? je ne sais plus.
Courir, courir, cent à l’heure, faut que ça pète, faut que ça pulse.
Une Rolex, une reniflette, une invite… une branlette à la va vite.
Pour courir, ça, oui, j’ai couru ! Comme on court à sa perte.
Un café, l’addiction et courir encore
Et s’apercevoir un jour qu’on court hors de son corps.
J’ai brigué le cuir, convoité les limousines.
Je me suis payé des sbires, visé la première ligne.
Rêve de caniche à la place du calife :
Aligner des dollars et une lignée de lardons,
Héritiers bien peignés aux dents bien aiguisées sur le photomaton,
Poster de l’imposture comme une injure à la postérité.
Pas de pitié pour l’Homme-Chien aux ordres !
Le mordre.
Mordre qui j’étais.
Être un loup pour lui, clébard dérisoire aux muscles gâchés.
Sans remords, le mordre et quand la lune perce,
Convoquer le renfort des lycanthropes.
Que la herse d’airain de leurs crocs myopes
S’abatte au hasard sur ses reins de laquais et sur ceux de ses maîtres.
À la niche, califes, calices, caniches !
Vous m’avez eu à l’usure comme vous avez eu raison du givre, des grèves, des grives.
Plus d’épices, plus d’espèces, plus d’espace et c’est pire tous les ans.
Mais tous les empires passent et avec eux, leurs tyrans.
Comme Atlas pris de crampes lâche la rampe et se casse, j’ai fui à toutes jambes, à la hâte.
Ne plus courber l’échine.
Laisser se dissiper la bruine de mes chagrins et le crachin de ma ruine.
Vous n’aurez pas mes rêves ; aucun d’eux ne se capture.
Lassé des cancans et du tintamarre,
Fourbu des barbus, des imbus, des humeurs de l’émir,
J’ai rivé ma dérive à ma ligne de mire, et visé l’autre rive de la mare.
Désertion.
Ce qui me pousse dans la main et que vous nommez paresse
Est un sixième doigt séditieux.
Le poil à gratter les croûtes de votre monde lépreux.
Un majeur qui se dresse au nez des mégapoles
Où glissent dans l’oubli le lapin d’Alice et Lewis Caroll.
Du fond de mon hamac, je vous vois frétiller, vermisseaux frénétiques, et vous me laissez froid.
Je laisse désormais le soin au vent de rafraîchir mon front et au soleil celui de basaner ma peau.
Peaufiner l’épiderme, peaufiner le parchemin.
Et mener à son terme mon nouveau dessein,
Me laisser guider par ce qui m’attire et me hante
Altaïr en été, un thé, un bouquet d’amarantes…
Je veux me tenir coi.
Est un sixième doigt séditieux.
Un majeur qui se dresse au nez de vos idoles :
Wall Street, amphét’, faux prophètes, faux Warhol…
Je n’irai plus nulle part où vous me direz d’aller,
Ne ferai plus rien de ce que vous m’imposerez.
À la fièvre du monde, à son fracas sans fin,
Je préfère aujourd’hui une sieste le matin,
Le bonheur de l’ennui, le roulis des hamacs.
Et sauter dans les flaques
Si le cœur m’en dit.
Ce qui me pousse vers le large et cingler sous la lune,
À déserter les barges, les berges, les barjos,
Hier encore, m’indifférait.
La rumeur des agoras, les grands nombres, les nombrils ?
Ni chaud ni froid.
Rien à faire des avoirs, des maîtres du paraître, des affaires des je-veux-être.
Rien qui me touchait : ni l’hiver, ni avoir été.
J’étais l’Homme-Bourgeon insouciant du gel,
Aux temps d’antan vierges des missels, de l’OTAN, des tableurs Excel.
Dans ma sève coulait la promesse de mille et deux printemps.
Une seule de mes larmes contenait l’océan ;
Une mèche sur mon front, toutes les frondaisons.
Je savais des arpèges et je savais des sons
Que seuls les oiseaux connaissent,
Étrangers qu’ils sont
Aux gammes et au solfège.
Je savais les courbes dont rêvent les asymptotes.
Tout, je savais tout !
Ce que sait le corail et ce que tait la banquise…
La futilité des portails, de la mitraille, des églises…
La théorie du chaos, le chaos de la théorie.
Sans secret, l’algèbre du cosmos et la patience de l’eau !
Sans secret, le sanskrit des femmes, le vague à l’âme du vent,
Bételgeuse et ses manigances, l’inexistence du temps, le temps d’une danse, l’espace d’un tango.
Et j’ai tout désappris.
Courir après l’os, rapporter l’os.
J’ai couru après l’os, j’ai rapporté l’os.
J’ai levé la patte.
Pavlov and pisse.
J’ai couru, j’ai obéi. Après quoi et pour qui ? je ne sais plus.
Courir, courir, cent à l’heure, faut que ça pète, faut que ça pulse.
Une Rolex, une reniflette, une invite… une branlette à la va vite.
Pour courir, ça, oui, j’ai couru ! Comme on court à sa perte.
Un café, l’addiction et courir encore
Et s’apercevoir un jour qu’on court hors de son corps.
J’ai brigué le cuir, convoité les limousines.
Je me suis payé des sbires, visé la première ligne.
Rêve de caniche à la place du calife :
Aligner des dollars et une lignée de lardons,
Héritiers bien peignés aux dents bien aiguisées sur le photomaton,
Poster de l’imposture comme une injure à la postérité.
Pas de pitié pour l’Homme-Chien aux ordres !
Le mordre.
Mordre qui j’étais.
Être un loup pour lui, clébard dérisoire aux muscles gâchés.
Sans remords, le mordre et quand la lune perce,
Convoquer le renfort des lycanthropes.
Que la herse d’airain de leurs crocs myopes
S’abatte au hasard sur ses reins de laquais et sur ceux de ses maîtres.
À la niche, califes, calices, caniches !
Vous m’avez eu à l’usure comme vous avez eu raison du givre, des grèves, des grives.
Plus d’épices, plus d’espèces, plus d’espace et c’est pire tous les ans.
Mais tous les empires passent et avec eux, leurs tyrans.
Comme Atlas pris de crampes lâche la rampe et se casse, j’ai fui à toutes jambes, à la hâte.
Ne plus courber l’échine.
Laisser se dissiper la bruine de mes chagrins et le crachin de ma ruine.
Vous n’aurez pas mes rêves ; aucun d’eux ne se capture.
Lassé des cancans et du tintamarre,
Fourbu des barbus, des imbus, des humeurs de l’émir,
J’ai rivé ma dérive à ma ligne de mire, et visé l’autre rive de la mare.
Désertion.
Ce qui me pousse dans la main et que vous nommez paresse
Est un sixième doigt séditieux.
Le poil à gratter les croûtes de votre monde lépreux.
Un majeur qui se dresse au nez des mégapoles
Où glissent dans l’oubli le lapin d’Alice et Lewis Caroll.
Du fond de mon hamac, je vous vois frétiller, vermisseaux frénétiques, et vous me laissez froid.
Je laisse désormais le soin au vent de rafraîchir mon front et au soleil celui de basaner ma peau.
Peaufiner l’épiderme, peaufiner le parchemin.
Et mener à son terme mon nouveau dessein,
Me laisser guider par ce qui m’attire et me hante
Altaïr en été, un thé, un bouquet d’amarantes…
Je veux me tenir coi.